A la mémoire de Cocotte, Fifi et Basséna
Dans cette nuit noire, à la fois si clame et si bruyante, ma pensée, comme souvent, va vers vous. Peut-être davantage aujourd'hui parce que des pseudo responsables (ou autoproclamés) des familles des victimes du "Joola" viennent d'annoncer qu'ils renonçaient à poursuivre l'Etat dans l'affaire du naufrage. Alors, j'ai tenu à vous adresser ces quelques mots. Car je sais que de là-haut, vous m'entendez, vous observez tous les jours mes moindres faits et gestes. Vous êtes partis, mais vos visages, vos noms resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Vous manquez à toute la famille. Quand vous êtes partis, si brusquement sans prévenir, tout le monde vous a pleurés. Mais je sais que vous êtes beaucoup plus heureux là où vous êtes aujourd'hui, à côté de mon papa qui vous y a précédés d'une année. Je sais que lui aussi veille sur vous. Et cela suffit à me rassurer.
Quand vous êtes partis, tous à la fleur de l'âge, vous ne m'aviez pas avertis. Alors, j'ai pas compris pourquoi. Car nous devrions pourtant effectuer le même voyage. Le jeudi 26 septembre 2002. Mais pour ne pas vous exposer aux dangers liés aux attaques armées qui étaient fréquentes sur la route de Dakar, j'ai préféré vous faire voyager par le bateau, estimant que vous y seriez beaucoup plus en sécurité. Et moi, j'ai pris la route pour Dakar. Rendez-vous était donné pour le lendemain matin à Dakar.
Mais vous n'avez jamais respecté ce rendez-vous. Vous n'êtes aussi jamais arrivés à Dakar. La dernière fois que les nôtres vous ont vus, vous ont pris dans leurs bras, c'était à l'heure de votre embarquement à bord du bateau "Le Joola". Pour un dernier voyage. Un voyage sans retour. En compagnie d'autres personnes, connues ou anonymes: des hommes, des femmes, des enfants, des étudiants, des militaires, des commerçants, des enseignants, des artites,...des touristes.
A toi Cocotte, au moment de nous séparer, je te disais ceci: "prends soin de ton petit frère Basséna, et ne le laisse pas traîner à bord du bateau. Veille aussi sur ta petite soeur Fifi". Je sais que tu as veillé sur eux, mais tu n'as pas pu les sauver. Les extraire de ces vagues. A te sauver non plus. Je ne veux pas penser à la souffrance que vous avez dû subir. Ca me chagrine beaucoup. Car je sais que vous ne méritiez pas de souffrir autant. Vos autres compagnons non plus. A toi Cocotte, je te garde à jamais dans mon coeur. Pour la vie. A toi Basséna et à toi Fifi qui étaient parmi mes meilleurs amis. Des amis adorables.
Je sais aussi que vous m'aimiez beaucoup, bien plus que je ne vous aime. Mais je n'ai pas compris pourquoi vous m'avez abandonné, seul à Dakar le regard hagard errant sur les quais du port. Seul avec votre papa et votre maman, venus vous chercher tôt le matin. Vous auriez pu encore rester longtemps avec moi, avec la famille. Mais vous avez préféré partir plus tôt. J'en ai souffert, la famille aussi. Car vous étiez tous adorables. Et tout le monde vous adorait. Votre vie a été éphémère sur terre, mais je vous imagine tous très heureux dans l'au-delà.
A toi Cocotte, continue de veiller sur ton frère et ta soeur. Promets-le moi. Fais en sorte qu'ils ne manquent de rien, qu'ils ne se sentent jamais seuls. Que nous ne leur manquions pas. Car eux nous manquent. Quant à moi, je te promets de faire de Mimi et Ass des anges. Car c'est les seuls cadeaux, les seuls trésors que tu m'as laissés en partant. Pour de bon. A jamais.
Tous, vous nous manquez. Mais peut-être qu'il était écrit que votre mission sur terre serait aussi éphémère. La volonté du Tout Puissant, personne n'y peut rien. Sinon prier, toujours prier, et encore prier pour le repos de votre âme.
Je pense à vous, toute la famille aussi. Personne ne vous oublie. Personne n'oublie ces sourires, votre joie de vivre. Vos visages. Les photos sont là heureusement. Et à défaut de pouvoir nous recueillir sur votre tombe, je pourrais le faire sur vos photos. J'écoutais un musicien sénégalais chanter un morceau en votre hommage. En hommage à toutes les victimes du naufrage du bateau "Le Joola". Je n'ai pu m'empêcher de penser à vous. je n'ai, non plus, pu retenir mes larmes.
Pardonnez-moi si je continue toujours à vous pleurer près de quatre ans après. Vous auriez sûrement aimé que je continue à mener ma vie comme si de rien était. Sans trop penser à vous. Mais je ne saurais le faire. Car trop d'images défilent encore dans ma tête. Des images d'un passé récent, d'un bout de vie. D'un bonheur qui, brusquement a cédé la place au malheur. Je n'ose même pas regarder vers l'avenir. Car je ne sais pas ce que sera cette vie à reconstruire. A rebâtir. Je ne sais pas si je saurais apprendre à vivre sans toi Cocotte. Sans tes charmants frangins Basséna et Fifi "la souriante".
Je pense à vous, toute la famille aussi. Personne ne vous oublie. Personne n'oublie ces sourires, votre joie de vivre. Vos visages. Les photos sont là heureusement. Et à défaut de pouvoir nous recueillir sur votre tombe, je pourrais le faire sur vos photos. J'écoutais un musicien sénégalais chanter un morceau en votre hommage. En hommage à toutes les victimes du naufrage du bateau "Le Joola". Je n'ai pu m'empêcher de penser à vous. je n'ai, non plus, pu retenir mes larmes.
Pardonnez-moi si je continue toujours à vous pleurer près de quatre ans après. Vous auriez sûrement aimé que je continue à mener ma vie comme si de rien était. Sans trop penser à vous. Mais je ne saurais le faire. Car trop d'images défilent encore dans ma tête. Des images d'un passé récent, d'un bout de vie. D'un bonheur qui, brusquement a cédé la place au malheur. Je n'ose même pas regarder vers l'avenir. Car je ne sais pas ce que sera cette vie à reconstruire. A rebâtir. Je ne sais pas si je saurais apprendre à vivre sans toi Cocotte. Sans tes charmants frangins Basséna et Fifi "la souriante".
Le fait de vous dire que je vous aime me console. Mais ne cicatrise pas ma plaie. D'ailleurs, elle ne le sera jamais. Parce c'est vous qui en détenez le remède.
5 Comments:
Paix à leur âme et que le Bon Dieu l'accueil dans son Paradis.
Je compâtis à la douleur qui te frappe.
Courage mon pote.
De la part d'un ami.
Landing, ce message est bouleversant, j'en ai les larmes aux yeux moi aussi. Je suis sûr que Cocotte, Fifi et Basséna sont très fières de toi. Tu es vraiment quelqu'un d'exceptionnel. Elles l'étaient aussi probablement, la vie est souvent terriblement injuste. A nous, survivants, d'essayer de la rendre plus juste.
Merçi beaucoup Laurent. Ca me va droit au coeur et c'est réconfortant de lire ces quelques mots venant de toi. Mais ça ne me surprends pas, tu as un bon coeur et du fais des préoccupations des autres, des malheurs des autres, des joies des autres, les tiens.
Tu es un type bien et je te souhaite tout le bonheur du monde. Des gens comme toi, il devrait y en avoir beaucoup sur terre.
Merçi mon cher frère.
Je te souhaite beaucoup de courage Landing.
Ton message m'a bien brassé. Personne ne peut se mettre à ta place bien sûr, je ne vais donc pas avoir la présomption de te dire que je comprends tout à fait.
Mais en tout cas, je compatis et comme Laurent, je suis convaincu, même si je ne te connais pas, que tu es quelqu'un de vraiment bien.
Sois heureux, c'est ce qu'auraient voulu Cocotte, Basséna et Fifi.
Merci beaucoup Edouard pour ton message. Ca me va droit au coeur surtout venant de quelqu'un que je ne connaîs pas. Ca prouve encore l'universalité de ce monde. Des témoignages de ce genre sont réconfortants surtout quand cela vient de types biens.
Merci mille fois pour ton geste que je n'oublierais jamais.
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